A.M.
24/11/2006
Cher monsieur Grasset,
Merci mille fois pour cette belle et étonnante méditation.
Comme vous avez bien fait de citer ce cher Péguy, dont la parole reste plus que jamais d’actualité. A ce propos, et pour éclairer un peu le “mystère” de la psychologie du Monde, on pourrait encore citer ces autres vers du même:
Vous regardez monter la lourde ingratitude.
Et ce dévêtement de la vénalité.
Vous voyez s’étaler l’immense platitude.
Et cet écrasement sous la banalité.
Mais votre article m’évoque aussi un autre écrivain de la même famille spirituelle que Péguy, et dont les réflexions sur le monde moderne, à l’aube de l’ère atlantiste, mériteraient, je pense, d’être revisitées aujourd’hui, car elles acquièrent, à la lumière des événements de ces 50 dernières années, un relief saisissant: je veux parler de Bernanos.
Vous savez que 14/18 et ses tranchées furent, dans la vie de cet écrivain, l’événement déterminant, celui qui hante toute son oeuvre. Aussi, je ne peux pas ne pas l’évoquer lorsque vous écrivez:
“Alors, soit, il reste un mystère commun à Verdun, outre le Mystère du lieu : comment tant de grandeur et dabnégation ont-elles pu engendrer tant de médiocrité et de banalité? Comment Verdun avec ses champs de mort a-t-il permis que notre monde lui succède?”
D’une certaine manière, toute l’oeuvre bernanosienne, en particulier son essai majeur “Les enfants oubliés”, n’est finalement qu’une tentative pour répondre à cette question.
Il faut relire Bernanos. Il faut relire (je le relis chaque année) les Enfants oubliés, cet essai essentiel à la compréhension de notre temps.
Cordiales salutations,
A.M.
A.M.
24/11/2006
Pardon, dans le message précédent j’ai écrit “les enfants oubliés” alors que le titre de l’essai de Bernanos (titre qui, au reste, n’est pas de lui) était évidemment “Les enfants humiliés”. Vous aurez rectifié de vous-même. Ce lapsus est peut-être dû au fait que cet essai est aujourd’hui bien injustement oublié, lui, alors qu’il éclaire de façon tellement éclatante notre époque.
A.M.
damien
06/12/2006
Merci pour ce beau texte. Mille merci.
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier