jc
30/01/2024
Belle occasion citer une fois encore René Thom qui commence ici par s'excuser de faire une incursion en métaphysique extrême, c'est-à-dire, on le verra à la fin, en théologie :
"L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être."
" Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre [ Esquisse d'une Sémiophysique ] qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogenèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur. Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.
"Aristote a dit du germe, à la naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique. Que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée: "Premier selon l'être, dernier selon la génération". "
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Pour moi le Dieu de Saint Augustin (néoplatonicien) est "l'Être en soi" "en puissance" (et tout puissant) (1), alors que le Dieu de Saint Thomas (aristotélicien) est "en acte" (1).
Il reste à préciser l' "idéologie" qui a provoqué le cancer en phase terminale qui nous bouffe actuellement "notre" corps social occidental, puis à s'en débarrasser :
"Cela signifie que pour nous débarrasser de cette partie-bouffe qui empêche notre effondrement de mériter les observations de Saint-Augustin (et du comte Joseph), il nous faut nous débarrasser de ce monde qui l’a enfanté. Cela signifie qu’il nous faut décisivement clore le cycle qui nous a enfantés, nous, jusqu’à mélanger pour le vicier à jamais, notre tragique au bouffe-diabolique. La fameuse révolution dont rêvent tous les idéologues modernistes doit être comprise selon la définition elliptique et spatiale que rappelait Hanna Arens, et en venir à revenir à notre point de départ : la révolution spatiale aura ainsi suscité une révolution psychologique qui anéantira le simulacre où nous avons été plongés.".
1 : Pour moi un Dieu transcendant n'a pas de sens, seul un Dieu immanent contenant en lui-même son propre principe (l'Être en soi dont parle Thom) en ayant un. Je suis tout-à-fait d'accord avec ce qu'écrit Wikipédia ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d%27Hippone ) : "En Occident, il [Augustin] est le théologien qui insiste le plus sur la transcendance divine, c'est-à-dire que pour lui, les pensées de Dieu ne sont pas, de près ou de loin, les pensées des hommes.".
Je rappelle une fois encore la denière phrase de ES :
"Seule une métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde".
Et Thom précise en introduction que celle qu'il propose est minimale.
Jean-Claude Cousin
30/01/2024
Est-ce une coïncidence ? Alaric II, le petit-fils d'Alaric Ier qui opéra le point d'orgue de la chute de l'empire romain en 410 (le sac de Rome était symbolique, les empereurs n'y habitaient déjà plus) tomba à son tour cent ans plus tard, en 507, peut-être de la main même de Clovis à Vouillé (86) où je suis passé tant de fois ! Et encore deux cents ans plus tard, en 732, c'est à quelques kilomètres plus au nord qu'après les Wisigoths, ce sont les Maures d'Abd er Rahmane qui plièrent devant un certain Carl Martieaux, hirsute Franc face au lettré émir de Cordoue. Comme le proclame le titre, ainsi va la gloire du monde.
[c'est en souvenir de ce fait d'armes qu'en 1982, donc 1150 ans plus tard, Laurent Fabius, jeune ministre du Budget, obligea tous les magnétoscopes (japonais) à être dédouanés à Poitiers, où seuls deux douaniers y étaient préposés, avec l'ordre de prendre autant de temps que nécessaire ; de plus ces magnétoscopes étaient taxés comme des téléviseurs : la double peine, quoi !]
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Est-ce le tour de l'Anglosaxonnerie, cette fois ? Certes, de plus en plus on assiste à une débâcle généralisée, mais nécessairement à un moment et sous une forme que personne ne peut prévoir l'Empire s'effondrera vraiment. Sera-ce sous la forme d'un Waterloo guerrier ? ou d'un retrait encore plus honteux que la carapate de l'empire US d'Afghanistan ? ou encore d'un écroulement inéluctable et brutal du dollar ? La seule certitude qu'on puisse avoir, c'est que cette fin brutale a de fortes chances de se dérouler dès cette année, celle de tous les dangers avec la perspective d'élections "bizarres".
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