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Article : Saint-Exupéry contre la vie ordinaire

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L'ordre non naturel et la nature chaotique

Alex Kara

  21/10/2019

Il y a dans chaque approche, celle de Saint-Exupéry et celle de Céline, la confrontation avec la nature, les dragons noirs pour l'un, le refus de la ville pour l'autre. C'est sans doute que la ville et l'usine ont un ordre, alors que la nature n'en a pas. On peut toujours arguer qu'elle en a un (les saisons, le jour et la nuit) mais c'est faux, et ce à toutes les échelles.

L'aéronautique est en effet l'abstraction ultime après la navigation maritime, qui avait subventionné tant de recherches scientifiques depuis le XVème siècle. Au moins le marin est-il encore en contact avec l'élément, alors que le pilote en est isolé.

Tout cela culmine dans "2001, l'odyssée de l'espace", qui commence par un long passage nous immergeant dans la nature, brutalement envahie par l'ordre, avec ce parallélépipède parfait d'une couleur absolue. Ensuite c'est le présent, avec les trivialités du voyage en avion (dans l'espace, mais c'est justement la même chose, puisque la banalité a déjà envahi le futur) dans le segment central, et enfin le voyage d'exploration dans une machine toute faite d'ordre, et cet ordre (HAL) est fou.

L'humain redécouvre alors avec le passage ouvert par l'entité estrange la beauté de la nature, certes pas une nature familière, mais une nature véritable.
L'astronaute en est d'ailleurs traumatisé, et on doit le placer dans l'environnement justement très carcéral d'un intérieur bourgeois : le pauvre est condamné à passer le restant de sa vie dans le XVIème arrondissement de Paris, jusqu'à ce qu'il puisse se réincarner dans la beauté absolue. L'enfant stellaire, c'est la redécouverte de la beauté.

A noter aussi que pour Jung l'inconscient peut apparaître sous forme de planète inconnue dans une vision / un rêve, c'est justement ce que l'enfant stellaire admire à la fin du film (il se découvre dans sa réalité la plus profonde), c'est aussi ce qui arrive dan le film Melancholia de Lars von Trier.

Les

alain pucciarelli

  21/10/2019

On peut avoir la faiblesse de penser que les hommes sont tous les mêmes, et que les origines, la culture et le milieu social déterminent des différences à priori immenses, qui ne le sont qu'en apparence. Ce regard aristocratique des uns et des autres, à partir d'un segment socio-culturel analysable, est donc à priori contestable. Ces malheureux travailleurs polonais eussent pu devenir des saint ex voire des Céline ou autre dans d'autres circonstances. Céline n'étant pas forcément un must en matière idéologique. Aussi, plutôt que de se lamenter sur la médiocrité humaine et ses avatars, demandons-nous plutôt comment hisser chacun d'entre nous au plus haut de ses potentialités. Etant entendu qu'alors, on se demande bien qui fera les boulots "de merde". Les "aristo" font chier. Et plus encore leurs thuriféraires. Un peu d'esprit politique, bon sang!