Théo Ter-Abgarian
20/05/2022
L'accès à l'information, depuis le 24 février, est clos hermétiquement.
Nous ne pouvons que constater que les consignes non dites de black-out sur les causes et le déroulement de la guerre en Ukraine sont bien reçues par les faiseurs d'opinion. Mais trop de propagande tue la propagande, trop de désinformation tue la désinformation. Ce qu'il en reste est ce qu'on voit, puisque les discours ("experts", journalistes), sont inaudibles de bêtise, de clins d'oeil grossiers, de clichés (on entend même parler, non de Russes mais de Soviétiques, et la bourde fait rire sur les plateaux télé).
La lecture du numéro de DSI (Défense & Sécurité Internationale), bulletin intérieur du complexe militaro-industriel français, de mai-juin nous donne une idée de ce que ce déversement d'enthousiasme atlantiste un peu niais, dans tout sa subjectivité, son idéologie recuite, peut produire en insanités quasi illisibles . DSI, en quelque sorte, dans le domaine de l'ukrainologie, en est à ce que le Lancet est à la virologie. Il y a Roger Noël, expert !, qui invente le renseignement post-événement, la concentration de troupes veut dire forcément attaque. Ce Père Noël fait de la peine. Mais, il cite, sans rire, avec sérieux, en référence, un brûlot grotesque et fanatique (The Weakness of the Despot, du NYT) . On en est à l'ouroboros, le producteur de mythe est généré par son propre producteur de mythe, ce qui lui confère confirmation, à la manière d'un syllogisme. Mais, il y a la mission du journal, qui est censé informer le lecteur, là, rien. Rien que des poussées d'exaltation style joujou patriotique avec production à foison de légendes urbaines (page 19 : les Ukrainiens, au 19 avril, n'auraient perdu que 4 éléments d'artillerie anti-aérienne, 0 mortiers de 120 mm, 5 hélicoptères, en deux mois !). Mais, rien sur la planification des opérations par l'OTAN, et ce, bien avant le 24 février, est-ce nécessaire de le préciser ? La piétaille ukrainienne n'a pas la main, c'est évident, et à la manière de Team Viewer, les petites mains du Pentagone prennent tout en charge. Aspect des choses qui intéresse nullement nos experts de plateaux télé.
L'attaque du Moskva, non plus, qui n'a pas fait beaucoup l'objet d'analyse (à part les waouh de joie de C dans l'air, ou à BFMTV… -400 disparus, tout de même-). DSI ne sait même pas que le coup a été tiré par un Boeing P8 Poséidon, tout en parlant d'une prouesse magistrale des missiles ukrainiens Neptun, ce qui est une légende urbaine qu'on retrouve partout, notamment chez un propagandiste échappé de chez Hanouna, Até Chouet, personne, sauf le Times qui a révélé cette fuite, or le P8 Poséidon peut porter des missiles anti-navire (AGM-84 Harpoon et Mark 54 Torpedo) . Là c'est la fuite qui est intéressante, fuite organisée par la Maison Blanche ? Fuite réalisée par des opposant à la guerre, inquiets du jusqu'au-boutisme de l'équipe Biden ? Dans ce dernier cas, ce serait la preuve que l'information peut traverser le mur de béton de la propagande et de la désinformation.
On relève à la fin de DSI, un texte inepte dans le fond comme dans la forme ("les Ukrainiens sont vénères"), cela s'appelle la Chronique de Carl von C. On y trouve, l'explication de tout : "la Russie n'a pas mené sa réforme".. "Réforme" cela vous dit rien ? Réforme, pour eux, c'est se conformer à eux, leurs projets. Et c'est bien là l'erreur de V. Poutine, d'avoir voulu, trop longtemps, leur plaire. Car on ne discute pas avec qui veut vous faire disparaître.
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