jc
28/05/2019
Cette notion d'inconnaissance, qui revient sporadiquement sous les doigts de PhG m'intrigue: "S’il faut tenter de le définir, je le ferais par un mot qui m’est cher depuis si longtemps désormais puisque le temps a passé : l’inconnaissance, qui est en quelque sorte, au-delà des définitions des ignorants, un des signes de l’Éternité, dont je ne cesse d’avoir la nostalgie."
Peut-être aurai-je quelques éclaircissements dans l'article à venir à propos de Gilad Atzmon sur ce qui est pour moi un concept obscur dont la signification est peut-être -toujours pour moi- seulement mal symbolisée par le mot "inconnaissance".
PhG (13 juin 2013): "Notre position doit être celle de l’“inconnaissance” (“ni ignorance, ni connaissance”) : on ne peut ignorer l’existence du Système, de son activité, de son dessein ultime, etc. (“ni ignorance”), mais il est inutile et dangereux de tenter de le connaître trop bien pour le détruire éventuellement, car l’on risque d’être absorbé par lui et de disparaître, au moins spirituellement, en lui (“ni connaissance”)…".
Jusque là je crois comprendre: concept "creux" (ni, ni), qui ne vit qu'en s'opposant à deux concepts "pleins" déjà en place -dans "notre" modernité- que sont l'ignorance et la connaissance. Mais ça se corse pour moi lorsque PhG revient sur le sujet dans "Notes sur l'inconnaissance, remises à jour 5/11/2015", notes dans lesquelles il donne de la substance¹ au concept d'inconnaissance:
PhG (le 5 novembre 2015):
" Alors qu’en 2011, lorsque nous définissions pour la première fois le concept d’“inconnaissance” nous précisions de façon théorique sa condition essentielle : se trouver dans « la situation fondamentale de se tenir en dehors du Système… » ; aujourd’hui, nous disons que, tout en restant “en-dehors du Système”, ou hors-Système, selon les conditions psychologiques, intellectuelles, voire métaphysiques envisagées, nous pouvons envisager de pénétrer à nouveau ponctuellement dans le Système, et même nous le devons."
"(...) en recueillant des vérités-de-situation par son choix de ne s’attacher qu’aux parcelles de vérité contenues dans le désordre du monde plongé dans la crise de l’effondrement du Système, l’inconnaissance renforce de plus en plus sa position de phénomène métaphysique. Cela signifie que l’inconnaissance “vers le bas” de l’origine, faite pour se protéger du Système en étant hors-Système, se réduit à mesure de la destruction du Système, devient, par sa capacité d’identification et de sélectivité des vérités-de-situation, une inconnaissance “vers le haut (...)”
Pour en revenir à ce que j'écrivais en tête de ce commentaire ("Peut-être aurai-je quelques éclaircissements dans l'article à venir à propos de Gilad Atzmon sur ce qui est pour moi un concept obscur dont la signification est peut-être seulement mal symbolisée par le mot "inconnaissance"), la citation -récurrente chez PhG- de Denys l'Aéropagite qui signe l'article me suggère la définition suivante: l'inconnaissance est une connaissance inconnaissable, c'est-à-dire une co-naissance à l'Unité primordiale, au Un, une co-naissance qui sous-tend une harmonie entre l'inconnaissable Tout et chacune de ses parties, une co-naissance antique et sacrée qui réinterroge le moderne et profane concept de connaissance².
"Le progrès donc, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l'Unité perdue…", écrivait un certain Daniel Vouga à propos de Maistre et de Baudelaire³.
¹: Thom: "(...) il ne faudrait pas croire que la stabilité de la signification est due à l'invariance d'une forme inerte, comme un symbole d'imprimerie -point de vue auquel voudrait nous réduire toute la philosophie formaliste. Il faut au contraire concevoir tout concept comme un être vivant qui défend son organisme (l'espace qu'il occupe) contre les agressions de l'environnement, c'est-à-dire, en fait, l'expansionnisme des concepts voisins qui le limitent dans l'espace substrat: il faut regarder tout concept comme un être amiboïde, qui réagit aux stimuli extérieurs en émettant des pseudopodes et en phagocytant ses ennemis."
²: Cf. http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2015/163/inconnaissance.htm
³: "La Grâce de l'Histoire", tome II, pp.248 et 342
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