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Article : Tableaux de la pratique courante de l’American Dream

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PATHOLOGIQUE ?

Philippe Le Baleur

  20/08/2009

On pourrait s’interroger longuement sur les motifs de cette crise – de cette décadence, pourrait-on inférer-, et sur la psychologie de ses tenants. Mais cette étude détaillée ne porterait sur rien de nouveau. Ce qui se passe aujourd’hui est simplement la conséquence d’un certain comportement occidental depuis la fin de la seconde guerre mondiale très bien analysé par Hubert Védrine. Il s’agit en substance de l’hubris occidental, que l’on pourrait appeler aussi « complexe judeo-chrétien », cette conviction d’être le « peuple de Dieu ».

Depuis que les puissances occidentales ont estimé avoir gagné la guerre, elles ont commencé par partager le monde avec l’URSS, qui pouvait à juste titre prétendre à une part du gâteau.
Par la suite – grosso modo au cour de la Guerre Froide -, l’URSS s’est progressivement empêtré à gérer un immense empire formel au moyen de principes philosophiques et politiques d’un autre âge.
De leur côté, en utilisant la peur du communisme, les Etats-Unis ont d’abord confirmé leur leadership sur les nations occidentales. Puis, peu après la chute de l’empire soviétique, ils ont prétendu à un empire mondial.
Mais en même temps que leur domination matérielle et médiatique progressait dans le monde entier, les Etats-Unis sacrifiaient les principes philosophiques élevés qui avaient fait leur gloire. En effet, si tant est que les Etats-Unis aient pu prétendre à une supériorité quelconque, cela aurait été dans l’affirmation de la paternité d’un seul Dieu (« in god we trust »), avec pour conséquence la fraternité entre tous les hommes.
Au lieu de cette philosophie qui aurait en fait consacré leur supériorité, les Etats-Unis, suivis en ceci par les autres Occidentaux, ont au contraire tourné le dos à ces mêmes principes. Ils ont exalté la supériorité des Etats-Unis sur les autres nations du monde, puis le droit fondamental de l’Occidental à dominer le monde ; le tout sous couvert de grandes envolées sentimentales sur l’humanisme, le droit des peuples etc… Bref, la vieille soupe hypocrite de l’empire britannique victorien… Mais au fond, il faut bien reconnaître la réalité des choses. Cela peut sembler effroyable à dire, mais ces principes de l’hubris occidental ressemblent beaucoup à la théorie de l’espace vital que professaient les Nazis dans les années trente.
On a donc assisté à une érosion progressive de la position des Etats-Unis dans le monde, disons depuis l’assassinat les deux Kennedy –John et Robert-. Par la suite, la guerre au Vietnam a bien sûr eu un effet dévastateur sur la confiance du monde dans le leadership américaniste. Comment en effet expliquer que des principes humanistes puissent promouvoir une telle violence aveugle dans la réalité.
Mais il y avait encore une chance de regagner la confiance du monde. Il est toujours possible de faire amende honorable, admettre ses erreurs et repartir sur des bases saines : « errare humanum, sed perseverare diabolicum », seule la persévérance dans l’erreur est diabolique.
Au lieu de se reprendre, les Occidentaux se sont enferrés dans la croyance en leur supériorité raciale, comme s’ils avaient un droit imprescriptible à la fortune et à l’ American Way Of Life. Ils ont donc monté un système financier astucieux, qui leur a permis -pour un temps- de drainer toutes les richesses du monde à leur profit.
Et puis il y a eu la présidence Bush, où l’on a assisté à l’essor incontrôlé de la prétention occidentale. Alors le monde devait continuer à payer pour les folles entreprises militaristes des Etats-Unis. Ceci était le geste de trop. Car enfin, qu’ont-ils fait de l’argent, ces sommes colossales affluant du monde entier en Dollars ?
On en est là, avec un effondrement des USA – et probablement de l’Europe-, et un essor des puissances émergentes. Peut-être les Occidentaux, jamais en reste de ruse et de félonie, trouveront ils encore quelques expédients pour se maintenir au sommet pendant une décennie ou deux, mais ce n’est pas certain. Les choses ont l’air de se régler de façon expéditive.
Il y a dans cette affaire, la nôtre, des puissances en jeu, dont nous ne soupçonnons même pas l’existence.

Encore la crise sacrificielle

PEB

  20/08/2009

Cet amphigouri du vocabulaire incarne une montée aux extrêmes. Chacun lutte pour un objet abstrait à savoir la liberté, la Grande République &c. On s’invective.

Toutes ses figures semblent rechercher le point critique, où la crise peut être consommée dans un sacrifice refondateur, un peu comme la fondation de l’Empire dans la mort du divin César, la damnation de la mémoire de Marc-Antoine et l’avènement de la Paix d’Auguste.

L’invocation hystérique de 1776 tend à montrer qu’on recherche l’instant fondateur. Dans une société archaïque, la fondation est dans le meurtre collectif de la victime souveraine. Or, l’indépendance des États-Unis était certes une expulsion de l’Anglais par des expulsé de l’Europe. Cet instant fut aussi une auto-expulsion du jeu européen traditionnel.

Cette hystérie, disais-je, tend vers le moment du sacrifice. On espère que, dans le déchainement de violence, la divinité va se manifester pour l’exorciser. Or, la divinité ne fait qu’un avec la violence en tant qu’elle la transcende dans le monde extérieur où baigne le sacré.

Or, il n’y a plus de monde extérieur puisque même les montagnes les plus désertes de l’Hindou Koush interagissent avec la Maison-Blanche. De fait, la violence ne peut plus vraiment être expulsé. Le moment sacré ne reviendra donc plus jamais sinon sous une déflagration générale. Cette dernière est cependant sans cesse retardée en raison de la diachronie et du morcellement des éléments critiques. Les luttes ne cessent jamais d’osciller entre des objets différents (la guerre, la santé publique &c.) mais sans jamais s’arrêter, comme un balancier d’horloge devenu fou.

L’autre solution est un détricotage plus ou moins en douceur de l’Empire. Le modèle du genre est l’URSS de 1956 à 1991. le rapport Khrouchtchev a doucement lancé le travail de sape. La paralysie physique et morale du régime et de son dirigeant suprême a emporté en quelques jours de régime en août 1991. Est restée la sainte et éternelle Russie.

Que demeurera-t-il des USA?

A la Grâce de Dieu…