Didier Favre
18/08/2018
http://www.dedefensa.org/article/tc-56-demence-cosmique
Je me rappelle d’avoir choisi de décrire les événements actuels comme une guerre mondiale d’un type nouveau. Je croyais qu’il s’agissait d’un affrontement entre deux blocs : Eurasia contre BAO. Je reconnais mon erreur.
Ce n’est pas une guerre. C’est un effondrement.
La financiarisation de la « société » BAO a été un échec absolument sanglant. Ses tentatives de lutter contre la drogue, le terrorisme sont des désastres si énormes qu’elles pourraient être nommées méthodes de propagation de la drogue et du terrorisme avec plus d’arguments pour la seconde idée que la première. Le décollage absolument délirant de la chose nommée « Raison » des Lumières avec les événements. Ce décrochage se voit surtout dans les sciences sociales actuelles. Ses « avancées » commencent à se voir dans la vie de tous les jours car elles sont imposées de plus en plus violemment. Je ne parle pas de la fin visible des ressources de la terre (une très grande nouveauté), de la pollution de plus en plus horrible et de la disparition d’espèces sauvages à un niveau comparable à celles observées durant le passage du Crétacé au Tertiaire.
Notre monde (le BAO) a remplacé son âme par une mécanique intellectuelle qui tourne à vide de plus en plus vite et de plus en plus fort pour pouvoir continuer à nier son échec et protéger ses « avancées ». Cette mécanique n’autorise que la finance comme régulation des relations humaines. Cette finance ne permet que de gaspiller les ressources de plus en plus rares.
J’ajoute que le principe divinisé de la concurrence libre et ouverte implique que dans toute relation humaine il y a un vainqueur et un vaincu. Seules les relations de pouvoir sont compréhensibles à ces gens et à leurs philosophes. La notion de vérité indépendante de la volonté humaine leur est si étrangère qu’ils peuvent nier sans problème toute autre vision du monde.
Voltaire a été, à ce niveau, un géant. Il a invité ses amis à mentir. C’était un propagandiste de génie. Il a carrément inventé l’opinion publique. Son plus grand but dans la vie était d’être riche. Les histoires sur son avarice et l’énormité de sa fortune sont savoureuses. Il haïssait passionnément toute vision contredisant la sienne. Je comprends pourquoi il est littéralement adoré par nos élites les plus pures.
Descartes a été un autre géant dans ce domaine. De son discours de la méthode j’avais noté sa solitude absolue quand il a eu sa grande idée. De cette idée, il a voulu en déduire tout l’univers à l’aide de sa seule raison. Si jamais vous avez du temps à perdre, lisez ses théories fort oubliées sur la météorologie ou le fonctionnement du cerveau. Elles annoncent les délires des études de genre ou celle, pas piquée des vers, de l’auto-ethnologie. J’aime aussi beaucoup les défenseurs de la terre plate en vie actuellement. Ils respectent aussi la méthode cartésienne. Il a réellement inventé l’expert sur tout qui fait tant de dégâts avec ses certitudes construite dans un bureau isolé lui permettant de reconstruire le monde à l’image de ce qu’il a dans sa tête.
Descartes a jeté l’observation de la réalité. Voltaire a jeté le souci de la vérité par sa prétendue capacité à pouvoir parler de tout avec autorité.
Ces deux là et quelques autres (Kant est pour moi un bon candidat) ont créé le monde où nous vivons.
Si un expert à la Voltaire nous dit que Poutine a fait personnellement tomber le pont en Italie, nous ne pouvons que nous incliner. Cela devient un fait établi avec autant de solidité que le lever de soleil demain. Les experts cités dans le Russiagate sont souvent des sources du milieu du renseignement dont nous ne pouvons rien savoir et dont il ne faut pas discuter l’autorité. Ils appliquent la méthode de travail cartésienne. Steele du fameux dossier éponyme a fait le travail tout seul comme un grand et a reconstruit la réalité selon les besoins du client.
Hillary Clinton est un autre cas extrême. Elle a accusé tous ceux auxquels elle a pu penser en dehors d’elle. J’ai juste un souvenir de combien cette liste est longue et extraordinaire. Elle ne peut pas admettre une responsabilité dans son échec. C’est un cas de niveau archétypal d’individu ayant reconstruit la réalité selon ce qu’il a dans sa tête.
Tout ce qui en sort est une agression contre sa personne. Le pire est que, vu de son point de vue, c’est exact.
Le prix à payer pour une reconstruction de l’univers selon son esprit est que toute opposition, contradiction ou même embarras est une remise en question de ce qui constitue l’identité du créateur. C’est une menace et une attaque contre la personne. Toutes les violences en deviennent admissibles.
Dans ce prix, un effondrement de sa vision du monde signifierait un effacement de sa personnalité. Je crois que cela se décrit en psychiatrie comme une psychose catatonique. Imaginez vous ne disposant même pas de l’usage de vos réflexes moteurs. Tout est effacé dans votre esprit quand vous souffrez de ce truc.
Vous vous retrouvez face à ce néant tapis en chacun de nous. Il est si énorme et si effrayant que bien des gens préfèrent tuer et se faire tuer pour s’en protéger. C’est le moteur des guerres à mon avis. Je vois dans ce néant le moteur des sciences, des religions, des philosophies. Ce sont toutes des constructions pour nous éviter de rencontrer ce truc.
J’ai le triste privilège de l’avoir rencontré en personne. Vous ne pouvez que me croire ou refuser ma déclaration. Entre le regarder et mourir, j’aurais préféré mourir. Mon problème est que je crois en Jésus-Christ, Dieu. Je vous garantis qu’il m’arrive trop souvent à mon goût de regretter ce fait. Sans Lui, je pourrais sereinement me suicider et arrêter de devoir affronter ce néant.
C’est ce savoir désagréable qui me permet de lire ce texte en me disant que je comprends les défenseurs du Russiagate. Je comprends Hillary Clinton dans son déni. Je comprends le désespoir de Gibbon et la dépression de Grasset. Je suis d’accord avec lui quand il dit que le Russiagate n’est qu’un exemple. Je suis d’accord avec lui quand il parle d’un effondrement et qu’il cite Gibbon en disant que le truc est inévitable.
C’est la construction de la réalité par des géants comme Descartes, Voltaire, Kant qui s’effondre car elle ne marche plus. Elle patine dans le vide et ses utilisateurs se retrouvent face au néant qui les enserre de tous côtés. Ils ne disposent ni des moyens, ni des ressources intérieures pour changer de vision du monde. Le résultat est une panique de niveau existentiel. Elle est si forte que l’esprit cesse de fonctionner. Essayez pour voir pendant un grand stress où même la mort serait un soulagement d’effectuer quelques opérations arithmétiques du style 15 + 18 ! Je vois les adeptes de ces géants dans cette situation.
Il leur faudrait une vision du monde qui accepte l’échec, qui accepte que le monde extérieur échappe toujours, dans sa plus grande partie, à la volonté humaine. Il leur faudrait une vision du mode qui les fait entrer en relation avec ce dernier.
Il nous faudrait un géant ou alors une foule capable de se parler, de se comprendre, avec une idée pour en sortir. J’ai un doute et je sais avec une certitude effrayante que je ne suis pas un géant.
Alex Kara
18/08/2018
Si nous prenons comme base la déclaration du sommet d'Helsinki le mois dernier, et que nous la modélisons à l'extrême, nous avons :
- d'un côté des criminels comme Bill Bowder qui détournent 400 millions de dollars pour les consacrer à l'influence d'une éléction en faveur de Mme Clinton, forme d'accaparement de la direction d'une grande puissance (les Etats-Unis) et de l'influence mondiale de celle-ci à des fins sinon personelles, du moins ciconscrites au sein d'un très petit groupe. On notera qu'un des membres de ce groupe (l'ancien directeur de la CIA John Brennan ) criera aussitôt à la “haute trahison”.
- de l'autre côté, Vladimir Poutine qui rappelle le rôle très central du pouvoir judiciaire dans une démocratie (ou si on va plus loin, dans tout Etat digne de ce nom, c'est-à-dire un Etat de droit).
J'ai beaucoup apprécié de trouver dans votre article le terme de “résilience” pour qualifier cette “pathologie”, que je nomme pour simplifier “escroquerie”. Il s'agit de personnes qui se sont liées, à des degrés divers, à une entreprise de nature criminelle. Leur “résilience” vient de la nature même d'une escroquerie.
Partie 1 - L'escroquerie se base sur une fiction vertueuse
Pour qu'une escroquerie fonctionne, il faut qu'elle ait tous les atours de la légalité afin de susciter la confiance de ceux que l'on veut escroquer. Ceci crée une fausse réalité qui est nécessairement vertueuse, puisque un accident de parcours, une erreur, entâcherait la confiance absolue que l'escroc veut maintenir.
Si l'on s'occupe de quelque chose, de quoi que ce soit en vérité, il y a inévitablement des erreurs, des ajustements et corrections à faire, voire des fautes. C'est la réalité humaine, ce qui fait que nous puissions progresser, et c'est qui fait également la qualité des dirigeants, qui doivent prendre en compte ces risques et agir avec prudence et méthode.
Prudence et méthode, voilà des mots que l'on associe à des tribunaux, justement, mais certainement pas aux escroqueries politiques dont il est question ici. Car non seulement l'escroc ne s'est jamais trompé, dans l'histoire qu'il donne de lui-même, mais il peut fournir ce que personne d'autre ne peut faire : l'affaire du siècle, l'opportunité d'une vie etc.
Partie 2 – gérer la phase post-escroquerie
C'est le stade où l'on pourrait dire que le parallèle avec le monde politique s'achève ici, car l'escroc disparaît une fois son méfait accomplit, alors que la direction d'un Etat reste aux commandes. L'escroquerie (faute d'un meilleur terme) agit alors sur plusieurs aspects :
l'escroc a tenu sa promesse, c'est l'escroqué qui a mal compris (le droit des contrats aux Etats-Unis est plein de cela, les Peaux-Rouges pourraient nous en raconter…)
l'escroc a agi pour le bien de l'escroqué (comme disaient les Rolling Stones, “you can't always get what you want, but you might find what you need”)
il n'y a pas eu d'escroquerie car l'escroc ne peut pas en être un (rôle des médias, importance de témoins de moralité faisant eux-même partie du complot, “inculpabilité” Etats-Unienne telle que démontrée amplement par dedefensa)
un facteur extérieur a empêché l'affaire de se conclure, ce n'est pas la faute de l'escroc (les Russes…)
l'escroqué est en fait le vrai coupable de par sa nature (tous ces salauds de pauvres qui se droguent, c'est à cause d'eux que la Sécurité Sociale ne peut pas fonctionner)
Lorsque l'escroquerie est finalement comprise comme telle, on peut :
chasser l'escroc avéré pour le remplacer par un nouvel escroc (“Hope”)
ridiculiser ceux qui dénoncent (c'est la menace, dans la fable du roi nu, sinon on peut crier au complotisme etc.)
In fine, lorsque rien de tout cela ne fonctionne, on fera jouer des muscles (militarisation de la police, privatisation de la force publique, impunité d comportement de Benella etc.). Or à ce stade la population en vient à différentes manifestations de résistance passive et de recherche d'alternative, ce qui rend de nouvelles escroqueries plus difficiles et moins rentables.
Alex Kara
18/08/2018
Partie 3 - Détruire l'idée de la Res Publica
La “résilience” de ce petit groupe est liée à l'impératif complètement existentiel de maintenir la “narrative” de l'escroquerie, à qui ils se sont liés pour le pire.
Mais une “narrative” qui ne fonctionne pas n'est pas pour autant une preuve (exemple : la contestation de la version officielle du 11/09/2001), il faut donc éviter tout mécanisme qui puisse établir et rendre publique la preuve de l'escroquerie politique.
C'est alors l'habituel concert d'étouffement des affaires, du temps qui passe, des témoins-surprises etc. etc. (Cf le BenallaGate avec le dysfonctionnement des institutions républicaines, très bien décortiqué par Régis de Castelnau).
Mais l'existence d'escroqueries impunies pose un problème plus fondamental, qui est la bonne marche des affaires. Or c'est là le rôle premier d'un Etat : que les choses fonctionnent.
Il est intéressant que les “ennemis des Etats-Unis” selon la narrative soient des entités politiques qui transcendent, qui ont une sorte de religion d'Etat : la Russie orthodoxe, l'Iran chiite et la France républicaine. Dans 'The Anatomy Of Fascism”, Robert Paxton explique (pages 68 à 73) que le fonctionnement (même imparfait) des structures de la Troisième République est un facteur déterminant dans l'absence d'une implantation d'une idéologie fasciste en France. Je cite , page 71 : “(...) the importance of the republican tradition for a majority of French people's sense of themselves cannot be overestimated.”
Il est très probable que les Etats-Uniens qui soutiennent Trump ont eux aussi cette notion que les choses doivent fonctionner, et que les escrocs profitant des dysfonctions (voire les créant) doivent disparaître. Peu importe comment, en vérité, car dans ces réalités politiques, comme nous le savons depuis Richelieu au moins, nous savons que la Raison d'Etat n'a pas besoin de procéder de manière vertueuse.
Christian Feugnet
18/08/2018
Le surnumeraire des postulants journalistes ou «litteraires» transhumanises .
D où une surenchère de servilite , y compris malhonnetes intellectuellement ,ce qui en rajoute encore . Si c est ça on a pas finit d en voir la fin , a mon avis .
Christian Feugnet
18/08/2018
Avec internet on a un amplificateur ,mauvais côté de la chose . Suffit de faire une video accrocheuse ,façon bonimenteur de foire , ou de creer un scandale pour se faire connaitre et toucher de l audience ( = droits d «auteur» )
Voyez comme les presentateurs tele en rajoute , façon scandale .
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