eric b.
02/12/2019
... faut juste arrêter de tourner autour du trou, comme Lacan aurait pu parler du chât de l'aiguille ...
... la fin des temps des temps de l'humanité est en train (train) d'arriver du fait de la finitude du monde ( par rapport au modèle financiaro(-capitaliste) d'expansion infini…
... remplissons le vide proche…
...amusons le bon (?) peuple ...
... et roule ( ma poule) ...?
... joie…
jc
03/12/2019
[Je radote…]
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Dans notre monde dit civilisé (le bloc BAO) le fleuve du sens est actuellement sorti de son lit et charrie un torrent d'insignifiance qui emporte tout sur son passage. Cela incite à se réfugier sur quelque hauteur pour ne pas être emporté. Pour ceux, nombreux il me semble, qui n'auraient pas trouvé refuge ailleurs, Thom propose un tel refuge.
(À la fin de "Prédire n'est pas expliquer" (PNPE, 1991) Thom propose une carte du sens légendée que l'on peut consulter ici: http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41 (on notera la place qu'il réserve à la littérature post-moderniste).)
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"Redonner -par une métaphysique minimale appropriée- quelque intelligibilité à notre monde" (ES, p.13) est le but que s'est fixé René Thom dans "Esquisse d'une Sémiophysique" (1988). Il commence par la recherche des formes signifiantes (p.11), d'où, pour lui, le rôle fondamental des mathématiques, et en particulier de la géométrie¹. Sa façon de procéder ne va pas de soi puisqu'elle pose le problème du rapport métaphysique entre mathématique et réalité.
L'approche de Thom est nouvelle, en ce sens que le problème de la vérité est repoussé au second plan: "(...) le problème important -en matière de philosophie du langage- n'est pas celui de la vérité (affaire d'accident, Sumbebèkos dirait Aristote), mais bien celui de l'acceptabilité sémantique, qui définit le monde des "possibles", lequel contient le sous-ensemble (éminemment variable) du réel" (ES, p.16). Et il poursuit en prônant un forme d'audace de la pensée (chère à PhG): "Ici, on ne cherchera pas à convaincre, mais à susciter des représentations, et à étendre l'intelligibilité du monde. Au lieu de fonder logiquement la Géométrie, on cherchera à fonder le logique dans la Géométrie."
Ce faisant, Thom abandonne les principes de la logique instrumentale, aristotélicienne (non contradiction² et identité) pour revenir à une logique intuitive, naturelle: "La classe engendre ses prédicats comme le germe engendre les organes de l'animal. Telle est (à mes yeux) l'unique façon de définir la Logique naturelle.". (Les rapports entre mathématique et réalité apparaissent fondamentalement dans l'analogie thomienne entre développement de l'embryon et développement de Taylor (SSM, 2ème ed. p.32), analogie pour moi génialissime d'audace de pensée.)
Suivre une logique embryologique c'est prendre conscience de penser et agir tel qu'on est, et, ce faisant, faire connaissance avec soi-même. Selon moi, cela vaut la peine d'essayer la voie proposée par Thom -étendre embryologiquement l'intelligibilité du monde-, ne serait-ce que pour s'opposer à la chute libre de nos capacités intellectuelles bridées par le pragmatisme et le positivisme que le Système s'impose à lui-même et tente de nous imposer (à moins qu'on accepte comme un progrès le fait d'être un jour dépassés par les robots et leur intelligence artificielle…).
Thom: "Lorsqu'on a compris – à la suite de T. S. Kuhn – le caractère « automatique » du progrès scientifique, on se rend compte que les seuls progrès qui vaillent sont ceux qui modifient notre vision du monde – et cela par l'élaboration de nouvelles formes d'intelligibilité. Et pour cela il faut revenir à une conception plus philosophique (voire mathématique) des formes premières d'intelligibilité. Nos expérimentateurs, sempiternels laudateurs du « hard fact », se sont-ils jamais demandé ce qu'est un fait ?
Faut-il croire – ce qu'insinue l'étymologie – que derrière tout fait, il y a quelqu'un ou quelque chose qui fait ? Et que ce quelqu'un n'est pas réduit à l'expérimentateur lui-même, mais qu'il y a un « sujet » résistant sur lequel le fait nous apprend quelque chose ? Telles sont les questions que notre philosophe devra constamment reposer, insufflant ainsi quelque inquiétude devant le discours volontiers triomphaliste de la communauté scientifique. Bien sûr la Science n'a nul besoin de ce discours pour continuer. Mais il restera peut-être quelques esprits éclairés pour l'entendre, et en tirer profit."
¹: Thom: "Selon beaucoup de philosophies, Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu."
²: Pour Thom l'assertion suivante (qui n'a aucun sens en logique aristotélicienne) est à la base de l'embryologie animale: "Le prédateur affamé est sa propre proie".
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