Alain Vité
15/10/2012
Ca fait drôle de lire tout ça, on croirait que les USA se réveillent après avoir dormi 100 ans comme dans le conte, qu’ils n’ont pas encore émergé et qu’ils se racontent encore à eux-mêmes une histoire.
A bien lire, ils commenceraient à se sentir moins indéfectibles et moins incoupables - selon les termes chers au site - le tout en redécouvrant que l’eau peut être chaude, tiède ou froide, et que dans tous les cas elle mouille. C’est impressionnant de lire un expert établi et réputé de la “plus grande puissance mondiale” dire fièrement que lui et ses copains de classe ont réussi un TP de 5è.
Seigneur ! merci de leur avoir donné Harvard.
Tout ça, en se baignant encore dans une vision dépassée des réalités et rapports de force géopolitiques, lesquels ont grandement évolué pendant que la princesse dormait, comme c’est expliqué chaque jour sur ce site. L’accent américain en plus, on croirait entendre des cousins des penseurs français des années 90 et 2000, lorsque ces derniers parlaient de la position de la France dans le monde et des attentes du monde à son endroit. Rien que les entendre me faisait tousser de la poussière, et chasser des toiles d’araignée. Cette analyse de Stratfor fait un peu cet effet, en plus moderne, avec des araignées qui tissent dans les drones.
On peut noter que le texte est sobre de pathos et de grandiloquence auto-suggestive, comparé aux commentateurs usuels US. Quelque chose semble avoir séparé la politique de la psycho-propagande, au moins dans l’analyse de fond et chez ces distingués ladies & gentlemen de Stratfor, lesquels vendent apparemment moins de belligérance sécuritaire depuis qu’on la leur a piratée (je m’essaie au style sardonique philippe-grassetien, c’est juste pour voir, pardonnez les traces de doigt)
Et pour finir, M Friedman nous détaille ce conte selon lequel “tout se déroule selon le plan prévu”. Ca rappelle la “special relationship” US/UK, quand les UK se racontaient à eux-mêmes qu’en fait, c’était bien eux qui manoeuvraient et maîtrisaient le monde, car chevauchant ces immatures et débraillés US qui en avaient bien besoin. Je suis tombé de cheval, une fois, je m’en rappelle encore. J’ai mal pour eux. Voilà maintenant que les US manuvreraient le monde en décidant de moins le manuvrer, mais probablement plutôt de le “manager” plus discrètement. Ils s’enrichiraient ainsi d’une touche de chic et effectivement, en deviendraient plus anglais, tout en conservant leur inimitable style US.
(Un de mes professeurs d’anglais disaient que pour bien parler cette langue, il fallait oser : “The more ridiculous, the more english” Je croyais bêtement que ça ne s’appliquait qu’à l’accent. Ce qui m’attriste et me donne honte, c’est à quel point - vu notre atlantisme Systémiste aveugle - ça s’applique désormais à la France, quoique dans la version Audiart des éternels Tontons Flingueurs, France oblige (*)
Le regard des USA sur le monde n’est donc plus comme avant, mais si un peu quand même. J’aime ce monde quand j’ai l’impression de le comprendre : plus ça change, plus c’est pareil.
En résumé, cette analyse Stratfor, c’est un peu cette histoire de la puce qui secoue le chien, sauf qu’elle a décidé d’arrêter, et qu’elle l’explique au chien.
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(*) Pour les lecteurs qui n’auraient jamais entendu la réplique : “Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît”
(mais comment est-ce possible, sur Dedefensa.org, de ne pas connaître ce fondement de la culture française éternelle ? Et San-Antonio ? Ne dites pas que vous ignorez San-Antonio aussi !)
olivier taurisson
20/10/2012
A lire pour partage d’informations l’article de COMMENT EXPLIQUER LE COMPORTEMENT SUICIDAIRE DU MONDE DE LA FINANCE ?, par Nadj Popi
20 octobre 2012 sur le blog de Paul Jorion
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