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Article : Tocqueville dans les déserts américains

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Ce texte revele indirectement quelques préjugés occidentaux de fond

Christian Feugnet

  04/10/2018

Ces espaces ne sont pas des déserts au sens absolu mais au contraire en général surhabités au regard des techniques "primitives" . Je mets entre guillemets car on ne peut en déduire de là une débilité culturelle ou sociale , au contraire , elles tentent de compenser .
Ce fragile équilibre entre "nature" ( parce que méme sommairement humanisée )  et population implique que pour les primitifs il n'y pas de place pour deux , la guerre est radicale . Donc pour l'adversaire , aussi ," l'assimilition" impliquant la déculturation .
La confusion avec le Détroit d'aujourd'hui c'est autre chose , qui plus est la laideur des environs y est un artefact humain moderne .

Developpement en plus .

Christian Feugnet

  04/10/2018

La laideur que nous inspire les Détroits en perdition , comme autant de nos excréments , jetés de ci delà . Est hautement significative , de notre barbarie . Tout comme les chamanistes délirants , nous croyons , plus qu'avoir fait corps avec les Dieux etre Dieu nous mémes : le réchauffement climatique c'est nous , tellement nous sommes puissants . Ainsi donnons nous droits à tous nos caprices . 

Contre sens sur mes propos réchauffistes .

Christian Feugnet

  04/10/2018

Pas un appel à la passivité , , mais à la prévention des effets ,( comme pour les innondations, "naturelles")  , non des causes , dispendieuse et comme on le sait déjà , innefficace . SAUF , pour la gouvernance sociale , hypocritement occultée .

Paradis terrestre et Jérusalem céleste

jc

  04/10/2018

Je pense qu'il faut remonter assez loin dans l'histoire de l'humanité pour trouver l'origine de ces métaphores. Peut-être l'apprend-on en lisant Guénon*?

L'indigène se contente du paradis terrestre dans lequel il vit, tentant seulement, avec fatalisme, de s'adapter à l'évolution de son environnement, si évolution il y a**, en rêvant peut-être -pourquoi pas?- à la Jérusalem céleste issue de cette éventuelle évolution naturelle.

L'homme blanc moderne, au contraire, a eu la volonté d'imposer "sa" Jérusalem céleste, qui sera la ville-(im)monde de Detroit, paraît-il actuellement en pleine décomposition. En commençant par d'abord détruire l'existant*** pour ensuite construire autre chose.

D'où lui est venue cette volonté saugrenue? Des Lumières bien sûr! Et en particulier des Lumières allemandes en la personne d'Emmanuel Kant. Et je trouve que l'épistémologue Etienne Klein le montre très bien dans une vidéo disponible sur la toile intitulée "Peut-on comprendre d'où provient l'efficacité des mathématiques?" (entre 2' et 7', Kant entre 5'30 et 7'****).

Nos élites-Système actuelles sont encore, j'en suis convaincu, dans la vision "lumineuse" de Kant (entre autres) rappelée par Klein. ll suffit pour cela de consulter La Pravda***** dont voici un extrait:

"Aussi, Schumpeter explique que l’économie est gouvernée par un phénomène particulier : la « destruction créatrice ». C’est « la donnée fondamentale du capitalisme et toute entreprise doit, bon gré mal gré, s’y adapter ». La croissance est un processus permanent de création, de destruction et de restructuration des activités économiques. En effet, « le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le nuire ». Ce processus de destruction créatrice est à l’origine des fluctuations économiques sous forme de cycles."

Quant au brouillage par le "savant homme blanc" de la vision que les autochtones avaient du monde******, je crois qu'elle est correctement résumée par la boutade bien connue suivante: regardant son voisin blanc couper du bois de chauffage -pour le vendre, mais il ne le sait pas- l'indigène en tire une conclusion météorologique: "L'hiver sera rude puisque l'homme blanc coupe beaucoup de bois.". Tristes tropiques, écrivait Claude Lévi-Strauss.


En guise de conclusion je ne peux résister, toujours à mon prosélytisme thomien,  à (re)reproduire la conclusion de son article sur l'innovation (datant des années 1980):

"Décourager l'innovation"

"Les sociologues et les politologues modernes ont beaucoup insisté sur l'importance de l'innovation dans nos sociétés. On y voit l'indispensable moteur du progrès et -actuellement- le remède quasi-magique à la crise économique présente; les "élites novatrices" seraient le coeur même des nations, leur plus sûr garant d'efficacité dans le monde compétitif où nous vivons. Nous nous permettrons de soulever ici une question. Il est maintenant pratiquement admis que la croissance (de la population et de la production) ne peut être continuée car les ressources du globe terrestre approchent de la saturation. Une humanité consciente d'elle-même s'efforcerait d'atteindre au plus vite le régime stationnaire (croissance zéro) où la population maintenue constante en nombre trouverait, dans la production des biens issus des énergies renouvelables, exactement de quoi satisfaire ses besoins: l'humanité reviendrait ainsi, à l'échelle globale, au principe de maintes sociétés primitives qui ont pu -grâce, par exemple à un système matrimonial contraignant- vivre en équilibre avec les ressources écologiques de leur territoire (les sociétés froides de Lévi-Strauss). Or toute innovation, dans la mesure où elle a un impact social, est par essence déstabilisatrice; en pareil cas, progrès équivaut à déséquilibre. Dans une société en croissance, un tel déséquilibre peut facilement être compensé par une innovation meilleure qui supplante l'ancienne. On voit donc que notre société, si elle avait la lucidité qu'exige sa propre situation, devrait décourager l'innovation. Au lieu d'offrir aux innovateurs une "rente" que justifierait le progrès apporté par la découverte, notre économie devrait tendre à décourager l'innovation ou, en tout cas, ne la tolérer que si elle peut à long terme être sans impact sur la société (disons, par exemple, comme une création artistique qui n'apporterait qu'une satisfaction esthétique éphémère -à l'inverse des innovations technologiques, qui, elles, accroissent durablement l'emprise de l'homme sur l'environnement). Peut-être une nouvelle forme de sensibilité apparaîtra-t-elle qui favorisera cette nouvelle direction. Sinon, si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques."



*: En attendant il faut que j'aille admirer à Angers -ce n'est pas loin de chez moi- les tentures de l'Apocalypse.

**: Tocqueville: "Ce n'est pas que l'aptitude naturelle manque à l'indigène du Nouveau Monde ; mais sa nature semble repousser obstinément nos idées et nos arts. Couché sur son manteau, au milieu de la fumée de sa hutte, l’indien regarde avec mépris la demeure commode de l’européen. II sourit amèrement en nous voyant tourmenter notre vie pour acquérir des richesses inutiles."

***: Tocqueville: " L'Américain ne voit dans tout cela rien qui l’étonne. Cette incroyable destruction, cet accroissement plus surprenant encore, lui paraissent la marche habituelle des événements de ce monde."

****: humour kantien à 5'45?

*****: https://www.economie.gouv.fr/facileco/joseph-schumpeter

******: Tocqueville: "Nous avions devant nous, et c'est pitié de le dire, les derniers restes de cette célèbre confédération des Iroquois dont la mâle sagesse n'était pas moins connue que le courage (...)."