Jack v.
14/09/2011
Il faut, me semble-t-il se garder d’analyser cette affaire seulement à la lumière de données militaires. A l’évidence, le jeu turc est destiné à des populations du Proche-Orient.
Erdogan s’est débarrassé des militaires pro-Occident puis a montré aux populations musulmanes du Proche-Orient qu’il désirait à nouveau promouvoir la Turquie au rôle qu’a longtemps tenu l’empire Ottoman, de protecteur des Musulmans. On a vu les réticences de la Turquie quand il s’est agi pour les Occidentaux de renverser le régime de Kaddafi.
Là, il poursuit dans la même direction, sans doute avec deux objectifs.
A priori, il est peu probable que les Turcs endossent réellement ce rôle mais ils peuvent se rapprocher des pays du BRIC et de ceux de l’accord de Shangaï, ce qui mettrait les Alliés dans une posture encore plus inconfortable tant en Afghanistan qu’en Irak.
Les Israéliens vont donc sans doute subir des pressions diplomatiques pour adoucir leur politique vis à vis de Gaza. Qu’elles soient ou non réussies, ces actions seront portées au crédit de Erdogan et de son gouvernement.
D’autre part, cette montée dans la tension avec les Israeliens (et la prise de distance avec les Occidentaux)va polariser davantage la société turque et marginaliser un peu plus les militaires kémalistes “gardiens de la Constitution” . Ces derniers risqueront alors d’apparaître aux yeux de la population turque comme des agents de l’étranger, ce qui achèvera de les discréditer et accroîtra l’emprise des islamistes sur le pays, surtout si la Turquie est victime d’une action militaire soutenue par les Occidentaux.
Erdogan risque l’incendie s’il joue avec le feu mais c’est peut-être exactement ce qu’il veut.
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