Jean-Philippe Immarigeon
02/05/2007
Valmy vu par Goethe, c’est le “sens” de Valmy davantage que ce qui s’est effectivement passé ce jour-là. Il y a tout de même une armée encore encadrée à cette date, composée en grande partie de régiments ex-royaux (un tableau célèbre montre d’ailleurs autant d’uniformes blancs que bleus), les effets de la réforme de Saint-Germain, l’artillerie de Gribeauval, puis dans les années qui suivent la nouvelle rationalisation de l’armée, les demi-brigades puis la formation divisionnaire de Carnot reprise par Bonaparte, l’invention des corps d’armée autonomes, les communications avec les premiers télégraphes visuels, les ballons (peu utilisés sauf à Jemmapes), etc…
C’est donc une armée populaire qui entre en guerre en 1792 (jusqu’en 1815), mais une armée qui bat également les armées “frédériciennes” sur leur propre terrain avec leurs propres concepts qui ont formé les Hoche, les Moreau, les Jourdan, les Bonaparte. La “Furia Francese” révolutionnaire est une réalité, elle n’est pas pour autant l’explication première.
Il faut donc faire attention aux réductions que les historiens américains adorent faire, pensant se doter ainsi d’une profonde culture alors qu’ils ne font que s’arrêter aux analogies superficielles, non par manque de connaissance, mais parce que, écrivait Tocqueville (tiens, ça faisait longtemps…), les Américains, dans leur recherche d’une pensée unique universelle et de totalisation du monde et de l’histoire, recherchent toujours le plus petit dénominateur commun.
Or dans le cas qui nous arrête, on pourrait très facilement montrer que c’est parce que les Français ont poussé la structure frédéricienne jusqu’à la perfection qu’ils sont gagné à Iéna, et non pas parce qu’ils auraient choisi dès 1792 la guerre “asymétrique” de la guerre des peuples. D’ailleurs Trotski, le Carnot soviétique et père de l’armée rouge, a fait de même dans un contexte similaire.
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