Forum

Article : Unir Tea Party & Occupy Wall Street?

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

N’est-il pas déjà trop tard pour s’indigner ?

Francis Lambert

  20/10/2011

“Les vilains spéculateurs seraient en train de négocier l’armistice avec la BCE, sous la haute supervision du couple franco-allemand (qui est expert en la matière, comme nous le rappelle la prochaine célébration du 11 novembre !).
L’Europe s’apprêterait à transformer le futur MES (Mécanisme Européen de Stabilité, successeur du FESF) en une sorte de SRD sur la dette publique !
(ma NB: SRD Service de Règlement Différé, fait pour décupler la spéculation, il a cependant un effet de levier inferieur au CFD ... Bref une contre-régulation de plus de Nations concues autant pour ça que la guerre. FESF http://fr.wikipedia.org/wiki/Fonds_européen_de_stabilité_financière)

▪ qui va gérer l’argent ?
Il apparaît donc peu douteux que la responsabilité de la gestion en sera confiée à la BCE. (...)
par quel processus démocratique la BCE a-t-elle été constituée, lequel de ses membres est-il élu ? Qui contrôle la bonne exécution du mandat de son président, nommé pour huit ans ?
Que se passerait-il si Mario Draghi décidait de voler au secours de tel pays et pas d’un autre, au prétexte qu’il ne remplit pas les conditions d’un nouveau renflouement ? Les Allemands, dans leur immense majorité, auraient été parfaitement d’accord avec une telle décision dans le cas de la Grèce.
Le patron de la BCE n’a pas plus de comptes à rendre à la représentation démocratique que les agences de notation. Dans un cas comme dans l’autre, leurs premiers interlocuteurs sont les banques… qui appartiennent pratiquement toutes au secteur privé (...)

▪ S’interroge-t-on assez sur les motivations profondes des trois agences qui détiennent le monopole de la notation dans le monde occidental ?
Cela fait deux ans que toute la communauté financière sait que l’Espagne est dans une situation économique catastrophique et que son système bancaire est moribond. Et voilà que Moody’s se réveille soudain avec l’envie de dégrader 24 banques espagnoles (les 24 plus importantes naturellement), tandis que S&P annonçait quelques heures auparavant l’abaissement de deux crans de la note souveraine espagnole. (...)
Pourquoi cet emballement, cette frénésie des agences à trois jours du G20 ?
Ce qui pose question, c’est le choix du timing. Cela tombe pile-poil au moment où les marchés mettent la pression sur les gouvernements pour que le FESF soit mis en place et confié à une institution — la BCE — qui échappe à tout contrôle démocratique !

▪ Les “indignés” ne revendiquent rien en particulier — sinon que quelques puissants lobbies financiers cessent de corrompre l’appareil politique et législatif. Ils feraient bien de se mobiliser dans l’urgence (il ne reste peut-être pas plus de 48 heures) afin de réfléchir sur les conséquences d’un transfert massif de souveraineté budgétaire des Etats vers un organisme supranational qui jouit d’une totale autonomie de décision. (...)
Mais feriez-vous confiance à une Fed bis autorisée à battre monnaie (monétiser la dette)… et qui serait en contact permanent avec des interlocuteurs capables de manipuler à loisir les marchés pour infléchir ses décisions dans un sens qui leur soit systématiquement favorable (comme aux Etats-Unis) ?

▪ Quand les démocraties préfèrent perdre le contrôle plutôt que de l’argent, nous redoutons qu’elles perdent les deux, ainsi que les peuples leurs dernières illusions.
N’est-il pas déjà trop tard pour s’indigner ?”

Extraits de Philippe Béchade http://la-chronique-agora.com/pourquoi-les-agences-notations-ont-elles-degrade-lespagne-maintenant/