Jean-Paul Baquiast
25/06/2013
J’ajoute, cher Philippe, si je peux sans abuser de votre hospitalité me commenter moi-même, est que ce dernier avatar du Système, dit américaniste, pour reprendre votre terminologie, me parait montrer que celui-ci se transforme mais ne s’effondre pas. Dans beaucoup de vos articles, portant sur divers évènements, diplomatiques ou autres, vous croyez voir des marques de la crise finale du Système. Je suis pour ma part beaucoup plus pessimiste. Tel Phoenix le système est en train de renaître de ses (futures) cendres. A cela une cause essentielle: nul à ma connaissance ne peut envisager par quoi le remplacer. Aucune solution n’est crédible. En tous cas, j’ai beau chercher, je ne la trouve pas.
J’aimerais discuter de cela en profondeur avec vous.
Bernard Scaringella
25/06/2013
Bonjour,
Cette nouvelle science par l’exploration des data pour y trouver des informations est essentiellement basee sur les correlations. Les statistiques et les probabilites font deja cela mais de maniere moins “voyante”. La science dure a eu bien du mal a accepter ce changemant de paradigme survenue avec la physique de l’infiniment petit.
C’est maintenant le quotidien des hommes qui bascule des relations de cause a effet prouvees, vers les correlations non prouvees. Ces correlations de par l’histoire auront valeur de preuve dans l’esprit des gens (comme les analyses adn qui ne prouvent rien mais sont une probabilite).
Ce changement de paradigme vital (c’est la vie des gens qui est en jeu) accompagne la maximisation actuelles des controles des populations a une echelle globale de toutes les manieres possibles. Il est ainsi encourage politiquement pour les qualites predictives qu’on lui donne. L’association etat/multinationales n’a rien de surprenant dans le contexte actuel, il est tellement “evident” pour tous ces acteurs.
La correlation ne vaut pas preuve, elle est sujette a caution de par toutes les variables, modeles pre-definis, les quantites de data, les marges probabilistes et statistiques que se donneront les acteurs.
On est la plus proche de la magie que de la science. Les procedes magiques fonctionnent en agissant sur le reel par l ‘intermediaire d’objets a partir de faits agglomeres dans le demandeur et son contexte, afin de changer le reel. Les faits ne sont donc pas verifiables par le magicien/oracle. C’est exactement ce que les big data vont permettre. Un demandeur avec son contexte et ses faits (ce qu’il choisira de stocker en big-data) demandera au magicen/oracle (le systeme) a partir de procedes (algos) de changer le reel selon des desirs (faire une correlation assimilee a une preuve permettant de changer la vie reelle des gens).
Ce retour a la magie n’est guere etonnant dans notre monde technologique ou regnent les objets sur les gens, et ou une petite partie des gens regnent sur les objets. Dans un monde ancien de la superiorite du langage (mais ou le mythe et la magie n’ont jamais disparus, voir le succes des esoterismes depuis 20 ans), la preuve etait scientifique, les faits empiriques; dans notre monde de la superiorite de la praxis, la technique, c’est la visee mythique du langage qui devient preponderante (voir le cinema des super-heros) et les faits sont d’expression magiques (voir les “preuves” d’armes de destruction massives) et changent le reel (guerres).
Ce changement fondamental qui va donner le pouvoir a de nouveaux pretres interrogeant l’oracle pour decider su sort de populations entieres nous ramenera a des chasses aux sorcieres et des inquisitions qui sont plus ou moins en gestation dans les societes avancees.
On ne s’etonnera ainsi pas du delabrement psychologique avance et des perturbations psychiatriques engendrees par ce changement dont le commencement est difficile a dater. Cela pourrait expliquer (correlation ?) la consommation exponentielle de psychotropes au pays de descartes.
Il ne manquera plus qu’a y ajouter le raisonnement par analogie cher au moyen age pour retourner (enfin ?) a l’age des cavernes.
lionel périchon
25/06/2013
Bonjour,
A propos de “nouvelles science”, il me semble qu’il est aussi important de considérer ce que dit Jacques Vallée lors de cette conférence Ted Ex:
http://www.youtube.com/watch?v=S9pR0gfil_0
Notez la conclusion “anti-système” qu’il tire de cette conférence
Voici aussi une conférence de monsieur Guillemand à l’Institut de France:
http://www.youtube.com/watch?v=QYdODEHpxl8
Pour une compréhension du travail de Monsieur Guillemand:
http://www.doublecause.net/index.php?page=theorie.htm
Mon plus grand respect aux rédacteurs de ce site comme à ceux d’Automates Intelligents.
Andros
26/06/2013
Je voudrais tenter de répondre à M. Baquiast.
On pourrait considérer que le Système continue à faire ce qu’il a toujours fait, c’est-à-dire non pas à se transformer mais à s’adapter. Il s’adapte à un nouvel environnement technologique pour faire la même chose que Fouché en son temps.
Pour ce qui est de l’effondrement, j’insiste sur la nécessité de lire « Collapse of Complex Societies » par Joseph Tainter (1988). Tainter est à ma connaissance le seul qui ait proposé une modélisation s’appliquant à toutes les sociétés complexes, à plusieurs échelles, et une application à n’importe quelle société complexe le valide.
Tainter conclut que les sociétés complexes finissent toujours par s’effondrer, du fait même de leur complexité. Pour simplifier drastiquement un raisonnement microéconomique soutenu, il arrive toujours un moment où les membres de cette société ne veulent plus consentir d’efforts supplémentaires. Une société complexe peut passer des siècles de stagnation sans exiger cet effort supplémentaire, mais lorsqu’il est nécessaire et qu’il n’est plus fourni, la société complexe s’effondre.
Tainter cite toutefois un cas d’exception : lorsque cette société complexe est sous une menace extérieure (l’empire byzantin est la référence citée).
Déjà en 1988, Tainter considère que l’humanité est devenue une seule société complexe, et donc qu’à terme elle devrait s’effondrer.
La « Guerre contre la Terreur » pourrait ainsi être comprise comme une menace de nature à maintenir une société qui, sans elle, s’effondrerait. (Sinon, il resterait plus dans le catalogue qu’une menace extraterrestre…).
A la lumière de cela, soit dit en passant, on peut même se demander si la Guerre Froide et la doctrine MAD n’était pas déjà une sorte de menace existentielle de nature à maintenir les deux civilisations de l’Ouest et de l’Est en vie.
Bien évidemment, ce système est irremplaçable. Quel que soit l’Empereur à Rome, les paysans de l’Empire continueront à trimer dur (et s’il est Dioclétien, alors la survie du système est maintenue au prix d’une oppression pire encore).
Quel système alternatif peut garantir un poulet pour un prix de 5 euros ? C’est moins que le salaire d’une heure de travail ; seule une agriculture intensive de masse, c’est-à-dire le Système, peut parvenir à ce prodige.
Le Système se maintient donc, et mue une ènième fois, remplaçant des pans entiers d’humanité par des machines, robots descendants de la Spinning Jenny. Hier c’étaient des villes comme Sheffield qui étaient dévastées, pardon, en proie à la sinistrose et frileuses à la dépense, aujourd’hui ce sont des pays entiers qui sont concernés. Mais en effet, c’est toujours la même histoire.
Les Canuts criaient : « Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant ! ». Mais voilà, de nos jours ce sont des machines qui non seulement travaillent mais aussi combattent…
Bien sûr, il est encore loin le temps où le Terminator viendra poliment sonner à la porte et demander confirmation de l’identité de sa cible (remarquons comment les drones modernes sont de véritables malotrus à côté de ça !), mais ce que la machine de guerre a besoin de savoir, elle le sait déjà parce que nous-même le lui avons dit par notre activité électronique.
Finalement, tant qu’on aura besoin de se rencontrer sur Dedefensa, la Machine est bien servie. Mais de nos jours peut-on encore converser sans elle ?
Il n’y a peut-être pas que du poulet à 5 euros que le Système nous fournisse… et c’est peut-être pour ce genre d’usage que la Machine à été conçue initialement. L’inventeur du microphone pensait-il à équiper une future Stasi, ou bien simplement à faire ce que font les hommes, créer ?
Michel DELARCHE
26/06/2013
il me semble intéressant que cette revue représentant la pointe intellectuelle avancée de l’impérialisme américain consacre sa couverture et un de ses principaux articles de fond à “The Rise of Big Data” dans son dernier numéro (daté mai-juin 2013)
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