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Article : Zakaria au chevet du malade

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In God we trust

Ni ANDO

  10/10/2008

« L’Amérique a une vision religieuse de sa position et de son action dans le monde ».

C’est certainement la raison pour laquelle les Etats-Unis ont par deux fois lâché des bombes thermonucléaires sur des populations civiles en toute bonne conscience (Hiroshima et Nagasaki n’abritaient que de faibles contingents de l’armée nippone), et en l’absence de toute justification stratégique (on sait aujourd’hui qu’AVANT le bombardement de Hiroshima le gouvernement étasunien était parfaitement informé des offres officieuses de reddition du gouvernement impérial). Cette imperturbable bonne conscience, cette certitude d’avoir raison envers et contre tout et tous, cette confusion entre ce qui est « moral » et la croyance dans la vocation messianique du régime étasunien est le vrai risque de la situation actuelle. Les Etats-Unis détenaient officiellement en 2007 un peu plus de 5000 ogives nucléaires.

Fukuyama et la suite de l'Histoire

Christian Steiner

  10/10/2008

A signaler l’article de Francis Fukuyama, dont la traduction est publiée par Le Monde, intitulée “La chute d’America Inc.” (version courte : http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/10/09/la-chute-d-america-inc_1104745_3234.html), et qui est de la même eau que l’article de Zakaria (l’article de Fukuyama porte d’ailleurs le copyright de Newseek).

Fukuyama pose le constat sévère de la perte de crédibilité et de la perte de l’hégémonie des USA non seulement dans le domaine économique, mais dans celui de la politique extérieure et dans celui de l’influence culturelle (la perte de prestige de la marque “Amérique” du titre de son article).

Outre le déraillement de la finance et de l’économie américaine, qu’il n’hésite pas à imputer au système lui-même (« Le pire, c’est que le coupable est le modèle américain lui-même : obsédé par le mantra de toujours moins de gouvernement, Washington a négligé de réguler de façon adéquate le secteur financier et l’a laissé causer un tort considérable au reste de la société »), Fukuyama constate également la perte de crédibilité de l’agenda démocratique des USA :

« Mais la démocratie était d’ores et déjà ternie. Alors même qu’il avait été prouvé que Saddam Hussein ne possédait aucune arme de destruction massive, l’administration Bush tenta de justifier la guerre en Irak en l’intégrant à son vaste “agenda de la liberté”. Aux yeux de beaucoup de gens dans le monde, la rhétorique américaine sur la démocratie s’est mise à ressembler à une excuse visant à perpétuer l’hégémonie des Etats-Uni »)

...et la perte de crédibilité du modèle américain, « gravement terni par l’utilisation de la torture par l’administration Bush. Après le 11-Septembre, les Américains ont donné la triste image d’un peuple prêt à renoncer aux garanties constitutionnelles dans l’intérêt de la sécurité. Aux yeux de nombreux non-Américains, la prison de Guantanamo et le détenu encagoulé d’Abou-Ghraib ont depuis lors remplacé la statue de la Liberté en tant que symboles de l’Amérique »,

...le piteux état intérieur des USA, dont il attribue les causes aux excès de dérégulations (« Même aux Etats-Unis, les inconvénients de la dérégulation étaient apparus clairement bien avant le naufrage de Wall Street. Durant toute la dernière décennie, les inégalités n’ont cessé de se creuser aux Etats-Unis car les bénéfices de la croissance ont profité avant tout aux plus riches et aux mieux éduqués, tandis que les revenus de la classe ouvrière stagnaient. Enfin, l’occupation gâchée de l’Irak et la réaction des autorités après l’ouragan Katrina ont mis à nu la faiblesse générale du secteur public »).

Etc. etc. Constats classiques.

Mais la solution qu’il propose à tous ces maux manquent elle-même de… crédibilité. Il propose de restaurer la confiance non seulement dans le domaine financier et économique, par des réformes adéquates (c-à-d antiaméricanistes, comme laisser tomber le dogme du moins d’impôts qui se finance lui-même, reconstruire le secteur publique, consommer moins à crédit, travailler plus et épargner plus, et financer la croissance économique grâce au travail et à la productivité intérieure), et de restaurer la confiance également dans le domaine de l’image de marque, dans le domaine culturel ((re)devenir un partenaire crédible ?)

J’ai l’impression que si ces solutions lui paraissent à lui crédibles – ou qu’il tente de les faire paraître crédible au lecteur –, c’est parce qu’il s’arrête, dans son analyse, au temps de Reagan et Tatcher, amputant du coup l’histoire précédente, ce qui lui évite de faire la démonstration que les USA n’ont jamais été capable d’être ou de faire ce qu’il préconise comme solutions. Sacrée hypothèque…