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3558En beaucoup de mots cette chose simple est dite, voire démontrée !
Le peuple nord-américain, celui que l’on consulte pour nommer ses décideurs politiques et surtout économiques, a clairement affirmé dans un grand élan de “déplorabilité” (*) qu’il faisait plus que douter du bien-fondé des guerres de Bush et Obama. Il a rejeté l’hypothèse d’un gouvernement Clinton – la mère dans le jeu du petit nombre des familles régnantes – qui allait reproduire et amplifier le programme des guerres des néoconservateurs, guerres « préventives » comme unique horizon.
Une étude publiée à l’été 2017, intitulée « Les guerres de Bush et Obama ont-elles coûté la Maison Blanche à Clinton ? » avait été menée par Francis Shen, enseignant en droit à l’Université du Minnesota, et Dougas Krine, un professeur en sciences politiques de l’Université de Boston. Elle aurait montré que les électeurs étaient scindés en deux groupes. Dans celui qui a préféré Trump, les familles ayant eu un soldat victime de guerre étaient surreprésentées. Seule cette caractéristique, utilisée comme une des variables du modèle statistique, a distingué les deux groupes.
Une enquête d’opinion vient d’être menée par un institut de sondage pour le compte d’un groupe de pression bipartisan, le Comité pour une politique extérieure responsable. L’un des faits saillants de ce travail a montré que près de 86% des personnes interrogées estiment que la guerre devait être le dernier moyen à employer et 56% que l’aide militaire à l’étranger est contre-productive. Ce pourcentage s’élève à près de 64% quand il s’agit de l’Arabie aux mains des Saoud. Surtout, les sondés répondent de façon majoritaire, à plus de 70% comme s’y attend le groupe commanditaire, en faveur d’une législation qui permette au Congrès de contrôler les décisions d’engager un conflit militaire, de superviser les sites de déploiement des troupes et d’exiger de la part des pays récipiendaires de l’aide militaire étasunienne qu’ils adhèrent et appliquent les règles de la Convention de Genève. Le souhait de voir se réduire les engagements militaires étasuniens est partagé par les Démocrates pour 78% et les Républicains pour plus de 64%. C’est sans doute un cas rare de convergence entre les deux partis, ce qui explique le succès ‘inattendu’ de Trump. L’homme orangé à la mèche blonde, dans l’incapacité de tenir ses promesses, est contraint à une surenchère imposée par les différentes composantes du véritable pouvoir.
Le poids du Complexe militaro-industriel dans l’appareil du pouvoir rend compte en grande partie de la validation des théories apparemment farfelues du Choc des civilisations et de la guerre éternelle du Bien contre ses ennemis de l’axe du Mal. La nécessité de disposer d’une supériorité militaire pour protéger et pérenniser la domination financière du dollar vient justifier également un budget pantagruélique du Pentagone. Ces arguments restent cohérents avec la volonté hégémonique d’une grande puissance qui se donne les moyens de dominer le « Reste du Monde ».
Il faut souligner que la part consacrée aux guerres effectives, Afghanistan, Pakistan, Irak, Somalie, Libye, Niger, Mali, Syrie et Yémen ne représente seulement près de 20% de ce qui est alloué à la Défense. (**) Le reste c’est de la maintenance, les pensions, le coût des plus de 900 bases militaires connues ceinturant le monde et un peu de R&D, de la recherche et du développement. De quoi faire vivre tout un tissu économique complexe et parasitaire, destiné à la destruction.
Donald Rumsfeld, alors Secrétaire à la Défense, avait déclaré le lundi 10 septembre 2001 que $2300 milliards de dollars de transactions étaient non traçables. Il a suggéré la difficulté de partage des données d’un étage à un autre au sein de son Département en raison de leur stockage dans des dispositifs soit inaccessibles soit incompatibles entre eux. (***) Un rapport de l’Inspecteur Général de l’Armée américaine pour l’année fiscale de 2015 a établi qu’un montant de $6500 milliards n’avait pas été justifié dans le Livre comptable alors que le budget total du Département de la Défense pour cette année-là a été de $565 milliards. Ainsi, les sommes figurant sur le livre d’ajustement des dépenses qui n’avaient pas d’affectations précisées ont représenté 10 fois le budget annuel.
Face à cette énigme des sommes « perdues » par le DoD, et très intrigués, Mark Skidmore, professeur à l’Université du Michigan et Catherin Austin Fitts, membre gestionnaire de la Société de Conseil en Investissements Solari ont entrepris un vaste travail. Ils ont consulté l’ensemble des documents édités par l’équivalent de la Cour des Comptes sur son site internet pour les années entre 1998 et 2015 relatives à la Défense et au Ministère de l’Habitat et du Développement urbain. Les deux investigateurs ont copié et stocké les dits-documents dont les liens avaient une fâcheuse tendance à disparaître.
Le binôme n’a pu retrouver nombre de données sur plusieurs années mais il a tout de même réussi à vérifier que dans cet intervalle de 18 années, $21000 milliards de dépense par la Défense n’avaient pas de justification fondée et pour le Housing Urban Development, $350 millions ne correspondant pas à des sommes ventilées avec des reçus les validant. Face à de tels chiffres astronomiques, les auteurs indiquent que le budget annoncé et autorisé sur cette période était de $8600 milliards pour la Défense, soit près de trois fois moins que le montant effectivement dépensé, et de $781 millions pour le HUD.
Les deux items le plus fréquemment retrouvés face à des sommes sans ‘reçu’ étaient ‘fond pour équilibrer le bilan avec le Trésor’ et ‘Compte fournisseur’. Un bilan comptable aussi fantaisiste suscite pour le moins quelques interrogations. Les ajustements inscrits dans le Grand Livre comptable pour équilibrer le bilan avec le Trésor supposent un flux de capitaux dont n’est pas notifiée l’autorisation par le Congrès. Pour les engagements supplémentaires destinés à régler les fournisseurs, le DoD n’estime pas utile de fournir un quelconque document. Le budget de la Défense n’est pas plus complexe à gérer que celui d’une multinationale d’envergure, le personnel responsable de sa gestion financière n’est pas plus incompétent qu’un autre. Rien de plus simple pourtant que de faire correspondre chaque flux à une dépense bien cataloguée. L’ampleur des sommes engagées introuvables est phénoménale, l’équivalent de la dette fédérale.
La presse sert parfois des petites distractions pour égayer les consciences en leur adressant des leurres. En 2014 par exemple, un certain Bowen Jr a découvert mystérieusement $1,6 milliard de dollars en coupures de 100 dans un bunker situé dans une campagne au Liban. C’est un ami de Bush le deuxième, un Texan. Il aurait mis beaucoup d’énergie à retrouver de l’argent disparu depuis les cargos envoyés en Irak à partir de 2004 pour aider à une reconstruction rapide qui ont acheminé entre $12 et $14 milliards en billets. Le journal de révérence new yorkais omet judicieusement de préciser que s’agit d’agent appartenant au peuple irakien, détenu dans la Federal Reserve. Plus de $20 milliards d’avoirs de l’Etat irakien avaient été gelés lors de la première guerre du Golfe en 1990. De plus, les fonds provenant de la vente du pétrole irakien dans le cadre de l’opération ‘pétrole contre nourriture,’ versé à l’ONU dans un premier temps étaient ensuite virés dans un compte américain. Un calcul a été fait : un chargement d’une valeur de $2,4 milliards pèse 30 tonnes pour une cargaison de 40 palettes de billets verts. Or $9 milliards de cette monnaie physique ont disparu, soit près de 110 tonnes. L’effacement de toute trace semble aisé puisque la société engagée pour le stockage du papier vert est basée dans une propriété privée à San Diego avec une adresse postale aux Bahamas.
En avril de la même année 2014, le Washington Post a relayé la trouvaille d’un Inspecteur Général de la Défense. Sous l’autorité de Hillary Clinton, le bilan du département ne pouvait trouver de justificatifs à la dépense de $6,3 milliards, 10% du budget de l’année, une broutille devant les dépassements injustifiés qui atteignent trois fois le budget autorisé. En substance, seul le quart des dépenses engagées par le Pentagone est autorisé par le Congrès et seule cette fraction est justifiée de manière comptable.
Shashana Bryen, ancienne responsable de politique sécuritaire au sein du groupe de pression Jewish Institute for National Security Affairs, fréquenté par Richard Perle et Dick Cheney, a prononcé un discours en novembre 2017 lors d’une table ronde de l’American Zionist Movement. Elle y a dressé un tableau récapitulatif des apports de l’entité sioniste à l’armée et la sécurité étasunienne. On y apprend que la guerre de 1973 avait été d’une grande importance pour l’élaboration de la doctrine des armes combinées qui a assuré le succès de l’opération Tempête du Désert de 1990-1991. Depuis 1996, les capacités israéliennes en recherche et développement ont évolué pour compléter celles des USA.
Israël est devenu un terrain d’entraînement idéal pour les soldats US car mis en situation réelle du Moyen Orient. Les guerres de 1967, 1973 et 1982 ont permis de recueillir des informations sur les équipements russes utilisés par les armées des pays arabes. Depuis 2009, des soldats étasuniens sont basés en Israël pour l’élaboration conjointe d’un système de radar. Bien sûr dans la corbeille de l’Alliance, l’entité sioniste offre un port en eaux profonds à Haïfa, des compétences linguistiques, toutes les langues parlées dans la région avec leurs différents dialectes et accents, des ressources de couverture aérienne et navale pour les opérations américaines ainsi que de réparation de tout le matériel.
Le discours est assaisonné d’une citation biblique (massorétique ou des Septantes ?) et l’affirmation angélique pour une spécialiste des affaires militaires que le lien d’union véritable entre les deux pays consiste en la nature des deux nations. Elles sont des créations d’essence divine, céleste. (****)
La longue liste des services rendus par Israël aux Usa incluait la destruction d’une installation nucléaire d’origine nord-coréenne en Syrie en septembre 2007. Or il est démontré à ce jour, et cette conférencière dans les écoles militaires américaines et israéliennes ne peut l’ignorer, qu’il s’agit d’une blague, entretenue par le silence des deux parties. La Syrie avait estimé alors plus opportun de ne pas démentir les affirmations israéliennes alors qu’Israël avait réalisé qu’elle n’avait détruit qu’un hangar dans le désert. Les Usa ont été bernés encore une fois par le Mossad, confirmant l’espièglerie intéressée des adorateurs d’un Dieu notaire auquel on peut s’adresser en l’invectivant. Ce genre d’actions, bombardements à la volée et impunis d’un pays voisin, peut être vendu comme un service rendu et mériter une compensation.
Ainsi, les budgets peuvent prendre leurs aises et s’hypertrophier.
Cet équivalent de la dette fédérale introuvable dans les comptes a bien dû servir à financer quelques coups tordus quand les Saoud n’étaient pas de corvée. Les opérations successives d’Al Qaida et de Daesh ont bien été payées par les pétro-monarques.
Où donc ont été engloutis les $21000 milliards de dollars ?
Rumsfeld avait décrit le Pentagone comme un monstre incontrôlable, la veille du jour où des avions sont venus percuter des tours à New York et démontrer alors la parfaire inefficacité sécuritaire étasunienne. Cet organisme s’hypertrophie sans cesse, nourri par un flot de dollars synthétiques, imprimés à la demande et de plus en plus vite. Nul ne semble connaître ses orifices ni les canaux qui charrient son breuvage vert. Toute la planète travaille à lui fournir du sang neuf, la moindre transaction bancaire entre nations transite par un nœud grâce auquel est prélevé un tribut. Economie capitaliste qui évolue système tributaire ?
(*) Hillary Clinton, alors que la campagne battait son plein, avait caractérisé les électeurs potentiels de Trump de “déplorables”, au sens de lamentables.
(**) Pour 2010, $159 milliards pour les théâtres d’opération, sur $708 milliards de dollars prévisionnels.
(***) Discours introuvable sur le net mais conservé par dedefensa.org ici : http://www.dedefensa.org/article/rumsfeld-le-jour-davant
(****) N’importe quel monothéiste croit que tout survient par la Grâce divine, la tonalité sacrée censée rehausser les établissements sioniste et nord-américain sont alors une pure tautologie.
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