Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
3287Il y a certainement plusieurs façons d’aborder l’événement, – on a les événements qu’on peut, – que constitue le choix de Greta Thornberg comme Person of the Year (attention au “genre”) choisi par Time pour cette fin de l’an de grâce extrême 2019 . Il y a celle du professeur Frank Furedi, sociologue et auteur d’origine hongroise (réfugié avec sa famille au Canda en 1956 après l’insurrection de Budapest), actuellement professeur émérite à l’université de Kent, et éditant ce texte (voir ci-dessous) dans RT.com du 11 décembre 2019.
D’après son Wikipédia, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un personnage radical, mais plutôt d’un universitaire en bonne situation, qu’on qualifierait d’“humaniste”, disons assez centriste ou de centre-gauche, – bref, tout ce qu’on veut mais pas un antiSystème comme on en trouve dans les coins sombres et douteux, par exemple du côté de dedefensa.org. Son avis est alors d’autant plus à écouter, essentiellement à cause du sens de son discours, qui fait de l’aventure de Greta Thornberg un remarquable symbole de la situation de la société dans notre civilisation, même si c’est surtout dans le bloc-BAO qu’on observe le mieux et le plus précisément l’évolution de la chose.
Dans le texte ci-dessous, il n’est en effet question ni de la jeune Greta et de son aventure personnelle, de sa famille, de son entourage, de l’excellente affaire en termes d’investissements et de rapports à attendre que tout cela représente ; ni de la “cause des femmes”, ou des “adolescentes”, dans le sens féministe et rageur de la chose ; ni de l'écologie, ni du sort de la planète, ni des grands froids ou des grandes chaleurs, ni de l’environnement et son compagnon le CO2, etc. Il est question des rapports entre parents et leurs enfants, des rapports entre la génération qui arrive, menée tambours battants par des bataillons de Greta Thornberg, et de la position des générations qui précèdent, de leurs parents, voire de leurs grands-parents, voire au-delà, dans les “grands cimetières sous la lune” où reposent dans une sérénité inacceptable une brochette considérable de coupables, de menteurs et de profiteurs qui nous/vous ont précédés et qui portent la charge de tous les malheurs qui nous accablent, – car ainsi raisonne Greta Thornberg, conformément au script et aux éléments de langage que lui fournissent ses proches.
Ainsi Furedi le sociologue décrit-il le phénomène :
« De nos jours, l'accent est mis sur la jeunesse, et Greta Thunberg personnifie la très acclamée “sagesse de l’enfant”. C’est pourquoi trois députés norvégiens ont proposé Thunberg pour le prix Nobel de la paix 2019.
» La transformation d'une écolière adolescente en conscience mondiale du changement climatique est motivée par l’impératif d’inverser la relation entre adultes et enfants.
» Partout dans le monde occidental, l’autorité de l’âge adulte est en crise. L’âge adulte est de plus en plus associé à des attributs négatifs et les adultes se sentent de moins en moins capables de fournir des conseils aux jeunes. Le revers de l’érosion de l’autorité des adultes est la tendance à se tourner vers les jeunes pour trouver des solutions et des réponses. C'est pourquoi la dépréciation de l’âge adulte par la société occidentale coexiste avec l’adulation de la sagesse supposée des enfants.
» La manifestation la plus grotesque de cette tendance est sans doute le spectacle de politiciens et de dignitaires écoutant attentivement Greta lors de réunions internationales de haut niveau. Une standing ovation tonitruante est garantie par la simple apparition de ce symbole d'une culture politique infantilisée.
» En lui décernant le titre de Personnalité de l'année du magazine TIME ou en lui offrant une tribune lors d'une réunion de dirigeants mondiaux, [cette tendance ainsi décrite invite] les enfants impliqués à condamner la génération des aînés. Et Greta était plus que prête à se montrer à la hauteur de l'occasion. Le thème de l'irresponsabilité des adultes a été son refrain le plus commun - elle est apparue dans sa conférence au sommet des Nations Unies sur les changements climatiques il y a déjà un an, et dans tous les discours importants qu'elle a faits cette année. »
Il n’y a strictement aucune limite à cette tendance qui est celle de l’effacement complet du passé en tant que chaîne d’évolution où chaque génération serait liée à la précédente et à la suivante par des responsabilité partagées et solidaires dans l’élaboration d’une civilisation, et cette proposition de l’instauration d’un “passé” en rupture complète avec le présent après avoir imposé à ce présent des conditions absolument abominables. L’appel aux enfants pour nous sauver est donc un prolongement logique du discours ; ils sont, par la logique même du propos, les seuls aptes à “nous sauver” d’une catastrophe imposée par le passé, mais dont nous nous lavons les mains en répudiant notre passé.
Ainsi Furedi observe et nous révèle, sans vraiment sourire, sans ironie perceptible, sinon peut-être le signe d’un certain accablement, qu’un haut responsable de l’université de Cambridge serait bien décidé à demander le droit absolument démocratique de vote pour les enfants à partir de six ans :
« Encourager les enfants à se révolter contre leurs aînés irresponsables est le résultat inévitable du blâme des adultes. C'est pourquoi le responsable des études de politique de l’université de Cambridge pourrait demander que les enfants à partir de six ans aient le droit de vote. Le professeur David Runciman a défendu cette proposition au motif que les jeunes étaient “massivement surpassés en nombre” par les personnes âgées et que cela créait une crise démocratique qu'il fallait corriger. »
La prochaine étape sera la consultation des fœtus pour les élections générales, ce qui nous promet un conflit de première grandeur entre les femmes “maîtresses de leurs corps” et armées de l’IVG, et la nécessaire conquête du pouvoir démocratique par la sagesse ultime qui ne peut se trouver que dans la cellule originelle de l’embryon originel, – sauf malheureusement, que la chose viendrait du spermatozoïdes qui provient, dit-on, d’un donneur du genre masculin, – ce qui conduit à se tourner vers les transhumanistes pour leur demander de nous bidouiller vite-fait un truc pour écarter l’obstacle et faire de “la cellule originelle de l’embryon originel” une formule vierge (façon de parler) de toute intervention impure, et ainsi Dieu enfin disponible dans toutes les bonnes pharmacies. Ainsi sombrons-nous dans le délire d’une vision catastrophique de la situation, à partir d’une situation du monde qui est objectivement catastrophique et qui devrait tout de même, Greta ou pas Greta, être considérée comme telle.
« Vous comprenez, écrit encore Furedi, que la société est en grande difficulté lorsque des enfants de six ans se voient confier la responsabilité de déterminer l'avenir de la société »... Bien sûr que nous comprenons, et encore mieux si, comme nous le proposons, cette responsabilités pouvait être confiée aux fœtus, aux embryons lavés de toute impureté, et toutes ces sortes de choses. Nous comprenons aussi que cette folie que représente Greta cache une autre folie, qui est celle qui nous a donnés le monde où nous vivions, cette crise de l’effondrement du Système... Tout ridicule que soit le spectacle de Greta-Circus, il existe parce que les “adultes”, ou plutôt les élites actuelles en état de marche y trouvent leur avantage, qui est celui de dégager leur responsabilité directe au profit d’une vague condamnation de toute une chaîne de générations avant elles (les élites actuelles) pour aboutir au désastre actuel.
Le Greta-Circus, – donnons-lui enfin son nom, – est le comble apparent de la folie de cette “étrange époque” qui ne semble ne plus pouvoir respirer qu’au travers de crises sans nombre, et en même temps le même Greta-Circus dénonce un état de fait absolument catastrophique qui est celui dont notre Système, servi par nos élites des zombieSystème, a largement contribué à en poursuivre le développement en direction de l’absurde de l’entropisation. Bref, des deux, entre le Greta-Circus et le magazine Time qui choisit Greta comme Person of the Year, le choix est vite fait : la lâcheté, le ridicule, la dérision et l’aveuglement sont toutes bien serrées du côté du magazine qui, par ailleurs, empoche les $millions et les $milliards des saloperies de l’américanisme...
« Greta et d'autres idoles de la jeunesse immaculée servent de couverture aux élites qui sont tout sauf innocentes [de l’état actuel du monde], qui peuvent ainsi cacher qu’elles n’ont ni le courage de leurs convictions ni la capacité d’amener les autres à les suivre derrière la rhétorique ardente de la jeunesse.
» Qui a besoin d'adultes pour diriger la nation quand les enfants sont présentés comme prêts à réparer les erreurs commises par les personnes âgées ? Mais ce n’est certainement pas une situation qyi invite à l’optimisme qu’elle prétend représenter. »
... C’est-à-dire que personne, absolument personne parmi les structures du Systèmes, les élites en place, les “responsables”-irresponsables, les manipulateurs-RP des colères enfantines et les dénonciateurs de l’état des lieux, personne ne sort les mains propres de cet épouvantable Greta Circus et du modèle d’activisme qu’il prétend proposer. C’est la nature même de notre catastrophe : personne n’en sort indemne. Le Greta Circus, lui, nous amène une bonne nouvelle tel qu’il est présenté ici : pour en être arrivé à soutenir et à faire la promotion de cette sorte de combinaison, les élites-Système constituées de zombieSystème nous signalent qu’elles sont absolument à bout de souffle et au bout de leurs possibilités d’échapper au constat de l’extraordinaire et cosmique catastrophe à laquelle elles ont travaillé avec tant de zèle, et c’est vrai, comme les générations d’élites-Système avant elles, et ainsi de suite.
_________________________
The willingness of adults to listen to teenagers rather than themselves is a sign of a deep societal crisis in the West.
Edward Felsenthal, the editor-in-chief of TIME boasted that 16-year-old Greta Thunberg is the magazine’s youngest choice to be named Person of the Year.
I was not the least bit surprised – by now it would have been an upset if the headline-making environmentalist failed to reap yet another publicity reward – but still alarmed.
Gone are the days when TIME chose adult men, like Martin Luther King or Winston Churchill as the magazine’s person of the year (Adolf Hitler too – the award is for the most influential, not necessarily the most virtuous public figure).
These days the accent is on youth, and Greta Thunberg personifies the much acclaimed ‘wisdom of the child’. That is why three Norwegian MPs nominated Thunberg for the 2019 Nobel Peace Prize.
The transformation of a teen schoolgirl into the global conscience for climate change is driven by the imperative of reversing the relationship between adults and children.
Throughout the Western world the authority of adulthood is in crisis. Adulthood is increasingly associated with negative attributes and grown ups feel less and less able to provide guidance to young people. The flip side of the erosion of adult authority is the tendency to look to young people for solutions and answers. That is why Western society’s depreciation of adulthood coexists with adulation of the supposed wisdom of children.
Arguably the most grotesque manifestation of this trend is the spectacle of politicians and dignitaries intently listening to Greta at high profile international meetings. A thunderous standing ovation is guaranteed by the mere appearance of this symbol of an infantilised political culture.
In making her TIME magazine’s Person of the Year or offering her a platform at a meeting of world leaders, children are in effect invited to condemn the older generation. And Greta has been more than ready to rise to the occasion. The theme of adult irresponsibility has been her most common refrain – appearing in her lecture to the United Nations climate change summit as far back as a year ago, and in every major speech she has made this year.
“Since our leaders are behaving like children, we will have to take the responsibility they should have taken long ago,” she said last December. “We have to understand what the older generation has dealt to us, what mess they have created that we have to clean up and live with.”
Green demonstrators have readily embraced the narrative of adult guilt. Posters declaring, ‘You’ll Die of Old Age, We’ll Die of Climate Change’ or ‘I Am Ditching School Because You Are Ditching Our Future’ point the finger of blame at slothful adults who are supposedly responsible for the imminent early deaths of their offspring. Recently, a placard screaming ‘Adults Ruin Everything. Stop Brexit’ at an anti-Brexit demonstration indicated that the spirit of adult blaming is not confined to the problem of planetary destruction.
Encouraging children to revolt against their irresponsible elders is the inevitable outcome of adult-blaming. That is why the head of politics at Cambridge University could call for children as young as six to be given the vote. Professor David Runciman advocated this proposal on the grounds that young people were “massively outnumbered” by the elderly and that this created a democratic crisis that had to be put right.
You know that society is in deep trouble when six-year-olds are assigned the responsibility for determining society’s future – but this is not just about battle lines being drawn up according to generational divides.
Greta and other unspoilt youth idols provide cover for the anything-but-innocent elites, who can hide that they lack the courage of their convictions, or the ability to get others to follow them behind the fiery rhetoric of youth.
Who needs grown ups to lead the nation when children are ready to put right the mistakes created by old people? But that might not be quite the optimistic sentiment it is presented as.
Frank Furedi